Dans les lignes qui suivent, vous trouverez un compte-rendu sur une expérience réussie relative à la reproduction de
Terrapene carolina major
Nous souhaitons, à travers cette expérience, pouvoir aider d'autre passionnés de cette merveilleuse espèce.
Les Terrapenes sont réputées pour leur relative facilité de reproduction; ceci est très vrai quand on considère l'acte sexuel, les accouplements sont plutôt fréquents et là réside d'ailleurs la clé d'un bon taux de fécondation.
Mais les facteurs d'incubation sont prépondérants, et là réside la vraie difficulté.
Il faut veiller cependant, notamment pour Terrapene carolina major, à ne pas laisser la femelle en permanence au contact du ou des mâles, surtout si l'enclos est de superficie réduite.
Le risque de harcèlement est important, l'autre conséquence pouvant au contraire être une baisse nette de libido.
L'envie de s'accoupler se développe en "créant le manque".
L'ACCOUPLEMENT:
Les coïts ont souvent lieu dans le point d'eau, nécessité absolue pour cette espèce.
L'acte en lui même dure assez longtemps: après une approche assez brutale, le mâle peine à agripper la femelle mais lorsqu'il y parvient, il ne la lâche pas, et pour un long moment.
Les pieds sont logés dans les fosses inguinales de la femelle, ce qui a pour but d'éviter de se retrouver les "instruments" douloureusement coincés par la femelle si cette dernière venait à refermer son plastron.
La pénétration est maintenue plus de 2 heures, le mâle lâche alors son emprise et se retrouve basculé à l'arrière... sa dossière lamentablement trainée par la femelle qui perd patience bien avant lui.
Puis les deux "amoureux" s'éloignent indifférents l'un de l'autre.
La femelle a un appétit soutenu pendant cette période, le mâle pas du tout... bien plus préoccupé à assurer sa descendance.
Après une quinzaine de jours d'amours intenses, les 2 protagonistes deviennent très distants.
La femelle maintient son solide appétit, une alimentation riche en protéine naturelle est recommandée pour l'aider à se renforcer pendant cette période de formation des oeufs.
Au menu, sont recommandés: vers de terre, criquets, teigne de ruche, larves de coleoptère, chair de volaille, coeur de boeuf, pêche, abricot, melon, croquettes light pour chat détrempées.
La formation des oeufs prend un bon mois.
La femelle se tient manifestement éloignée volontairement du mâle, et lorsque le moment de pondre approche, elle se montre bien agitée en fin de journée, aux heures où un mâle ou une femelle non "gestante" sont déjà reclus dans leur cachette nocturne.
LA PONTE:
Le creusement du nid a toujours lieu le soir, c'est un travail très lourd pour la femelle pour laquelle un ramollissement préalable du sol par douches régulières est très utile.
La chambre de ponte est très évasée alors que le couloir de ponte est étroit.
La ponte en elle-même dure peu de temps, les oeufs se succédant assez rapidement.
Ils sont de forme oblongue (3 à 3,5cm X 2cm), leur consistance est très différente de celle des Testudo, dont la coquille est crayeuse.
Ici, on a plutôt l'impression d'une matière caoutchouteuse, molle et compressible au toucher...manipulations précautionneuses de rigueur!
La phase de bouchage du nid est très longue également, l'instinct de protection et de dissimulation de la ponte est très développé chez la femelle.
Pour cela, à la manière de nombreuses autres tortues, elle se sert de ses pattes postérieures, en exerçant des mouvements rotatifs très souples et délicats.
L'INCUBATION:
Sous nos climats, la température externe est très instable même en été, souvent trop chaude dans le Sud et pas assez dans le Nord. L'incubation artificielle est donc fortement recommandée
Autre point essentiel pour l'incubation, l'humidité du substrat doit être quasi permanente et rémanente (ce qui est particulièrement difficile à recréer en extérieur).
Les oeufs doivent être enfouis dans de la vermiculite humide, mais pas plus recouverts d'un bon centimètre de matière.
Chaque boîte contenant les oeufs est refermée par un couvercle perforé d'une quinzaine de petits trous pour permettre à l'air de circuler légèrement.
Disposer dans l'incubateur un récipient avec de l'eau pour conserver une forte hygrométrie (85 à 95%).
Déposer les boîtes d'incubation sur des éponges humides stérilisées. Stabiliser la température aux alentours de 28°C, ne jamais dépasser 29°C.
Pour un fort taux de mâles, abaisser la température d'incubation à 25 / 26°C.
La durée de l'incubation annoncée dans les différents supports livresques oscille de 55 à 65 jours.
L'éclosion débute vraisemblablement plutôt à partir de 75 jours, et se fait parfois attendre jusqu'à 90 jours.
Retirer les couvercles après 60 jours.
Cela permet d'éviter un éclatement des oeufs par excès d'humidité, et facilite la porosité évolutive de la membrane, facilitant aux nouveaux-nés le percement nécessaire à leur éclosion.
L'éclosion des oeufs d'une même ponte se cadence assez rapidement, sur une période d'une semaine environ.
A la naissance, les nouveaux-nés ont encore une masse vitelline importante.
S'ils quittent la membrane protectrice de l'oeuf alors qu'ils n'ont pas encore résorbé la réserve vitelline, rincer la zone abdominale avec du sérum physiologique, puis installer le bébé sur un essuie-tout imbibé lui aussi de sérum physiologique déposé dans une petite coupe en plastique individuelle.
Il faut déposer le tout dans l'incubateur jusqu'à résoption totale du vitellus.
Chaque nouveau-né doit être isolé pendant cette période, sans cela ils pourraient se crever la poche vitelline mutuellement.
LES PREMIERS SOINS:
Une fois l'ombilic cicatrisé (1 à 2 jours après l'éclosion), le bébé a droit à un bain dans une eau tempérée lui permettant de s'hydrater profondément.
Les nouveaux-nés refusent fréquemment de manger juste après la naissance, cette étape est pourtant cruciale pour la réussite de leur élevage.
Les proies vermiformes sont très tentants, il convient de leur offrir des petits vers de terreau tous les jours jusqu'à détecter chez eux des réactions prédatrices. Enchainer ensuite avec des petits vers de farine, des petits escargots, des petites limaces.
Avec le temps, il devient possible de les alimenter en vers de terre, en grillons mini, puis avec de la chair de poulet et de panga en tout petits bouts.