Source : Conseil régional de la Réunion
Reflets d’écaille : une promenade dans le monde des tortuesCette exposition co-produite par Kélonia, l’observatoire des tortues marines et le musée des arts décoratifs de l’océan Indien (MADOI) propose au spectateur une promenade à travers une sélection d’objets façonnés en écaille de tortue marine ou en relation avec la tortue terrestre. Le visiteur est convié à un voyage à travers un ensemble de créations, d’objets du quotidien, d’objets totémiques ou encore d’objets sacrés issus de tous les continents.
A découvrir gratuitement du 19 mai au 10 juillet 2011 à la Villa de la Région.
Reflets d’écaille, une autre histoire du monde
Au-delà du simple aspect esthétique, de la préciosité de cette matière , et de savoir-faire artisanaux virtuoses, il semble intéressant de s’interroger sur le sens et la portée symbolique de cet animal. Totem ici, ancêtre de clan là, messager des Dieux dans des ailleurs proches, un fil conducteur relie ces pièces entre elles à travers l’universalité des mythes qui au-delà du temps et de l’espace présentent de nombreuses similitudes.
La tortue, terrestre ou aquatique, a de tout temps suscité un intérêt particulier dans la quasi totalité des cultures séculaires du monde. Symbole protecteur, la tortue est associée aux grands mythes de la création du monde. Les Mayas la vénèrent car elle apporte la pluie pour les cultures. En Egypte, cet animal appartient au bestiaire sacré et est associé à Apophis.
En Inde, c’est une incarnation du dieu Vishnu. Les peuples d’Asie la considèrent comme un symbole d’immortalité. En Chine, la tortue apporte protection divine à la famille et au foyer. Elle apparaît également dans plusieurs mythes d’Afrique en relation avec la justice, occupant une place privilégiée dans la médiation avec les esprits.
Sagesse populaire pour certains, croyance superstitieuse pour d’autres, la tortue symbolise à La Réunion la persévérance et la santé ; la présence d’une tortue à la maison est, en effet, censée protéger contre certaines maladies, comme l’asthme. Animal convoité au premier temps de la navigation à voile, peut-être pouvons nous déceler autre chose dans cette croyance : un écho ou la survivance altérée des mythes, que l’on retrouve en Inde, en Chine, en Afrique ou à Madagascar ?
Les récits mythologiques ne sont certes pas un simple ensemble de contes et de légendes transmis de génération en génération au sein de sociétés et de cultures traditionnelles. Ils constituent le cœur d’une sagesse reconnue et partagée, déterminant les limites d’une vie équilibrée avec l’ensemble des forces de l’univers. Bien des mythes ne sont pas des histoires de Dieux, ce sont des histoires de héros, mais distinctes des contes ou des légendes ; ce sont des histoires des ancêtres mais distinctes des récits historiques ; ce sont des histoires d’animaux, mais distinctes des fables. La plupart des sociétés opèrent elles mêmes une classification des divers types de récits dans laquelle il est facile de distinguer la catégorie des mythes. Ceux-ci, à la différence des contes qui ne sont que des inventions, sont reconnus pour vrais par les sociétés qui les transmettent alors que, contrairement à ce qui se passe pour les récits historiques, il n’y a pourtant là, aux yeux de l’observateur étranger pratiquement rien de vraisemblable. Claude Lévi-Strauss nous a montré comment les mythes se pensent à travers les hommes et à leur insu.
Beaucoup de mythes essentiels ont trait à la création du monde, l’apparition de l’homme, l’origine de leurs liens spéciaux avec certaines espèces animales et la Nature en général, l’origine de la mort, les rapports avec le monde surnaturel. Ils permettent à l’homme de rester conscient de sa place au sein de la Nature sauvage, et définissent sa relation à l’espace habité. Aujourd’hui, dans une civilisation occidentale envahissante, face à la démesure et à la transgression, où l’homme veut plus que la part qui lui est attribuée par le destin, ils nous renseignent sur les limites à ne pas dépasser.
EXPOSITION
19 mai / 10 juillet 2011
Villa de la Région 49 rue de Paris - Saint-Denis
Entrée libre et gratuite du mardi au dimanche de 10h à 18h
présence d’une médiatrice mardi, jeudi et samedi
accès pour les personnes à mobilité réduite[img][/img]