Jeudi 17 février à 11h en salle Coriolis
Philippe GASPAR (CLS)
Titre : Impact de la circulation océanique sur la distribution et la mortalité juvénile des tortues luth du Pacifique Ouest
Résumé :
Dès qu’elles émergent de leur nid, les jeunes tortues marines se précipitent vers la mer et nagent en direction du large ou elles « disparaissent ». Elles ne « réapparaissent » que plusieurs années plus tard lorsque, adultes, elles reviennent pondre sur les plages ou rejoignent des zones de nourrissage à proximité de la côte. Il est désormais établi que durant ces « années perdues », les juvéniles dérivent, essentiellement passivement, au gré des courants du large. La circulation océanique de surface joue donc un rôle majeur dans l’histoire de vie des tortues marines puisqu’elle détermine les zones dans lesquelles les juvéniles dériveront durant les premières années de leur vie.
Nous nous focalisons ici sur la population de tortues luth (Dermochelys coriacea) du Pacifique ouest et simulons numériquement la dérive des nouveau-nés (puis juvéniles) au départ de 2 sites de ponte majeurs situés sur la côte nord de Nouvelle-Guinée. Cette dérive est simulée grâce au logiciel ARIANE alimenté par les courants issus de la première ré-analyse globale de la circulation océanique fournie par Mercator-Océan (GLORYS-1). Nos simulations montrent que, selon leur date de naissance, les nouveau-nés émergeant d’une même plage de ponte peuvent dériver dans des zones extrêmement différentes (Pacifique Nord ou Sud, Océan Indien). La renverse saisonnière du courant côtier de Nouvelle Guinée (NGCC) joue un rôle majeur sur la dispersion observée.
Combinés avec des données de génétique et de suivis satellitaires d’individus adultes, nos simulations de dérive montrent que :
a) Les adultes suivis au départ d’une plage de ponte donnée migrent essentiellement à l’intérieur du domaine océanique dans lequel les juvéniles de cette même plage ont dérivé. Cette observation supporte l’hypothèse que les adultes exploitent les zones qu’ils ont « découvertes et cartographiées » lors de leur phase juvénile océanique;
b) Les adultes semblent n’exploiter qu’une partie des zones dans lesquelles les juvéniles ont dérivé. Les zones peu ou pas visitées par les adultes sont celles pour lesquelles (a) la mortalité juvénile est vraisemblablement élevée ou (b) la circulation océanique n’offre pas de solution simple de retour vers la plage de naissance. Ceci suggère que, puisque la variabilité océanique détermine la répartition des juvéniles dans les différentes zones de dérive, elle conditionne également le taux de mortalité juvénile à l’échelle de la population.
Source :
http://www.legos.obs-mip.frhttp://www.legos.obs-mip.fr/evenements/seminaires/